Exposition temporaire
Henry Moret (1856-1913), De Pont-Aven à l’Impressionnisme en Bretagne
« Le plus simplement possible, Henry Moret ouvre une fenêtre sur la nature. », Henry Éon, 14 mai 1901
"Des tons vifs, des verdures franches, des mers violentes, des horizons vastes, de l’air et de la clarté […] c’est un art de lumière chantante, d’impressionnisme sincère ». Anonyme, avril 1907
Le chantre de la Bretagne
Chantre lumineux des côtes de Bretagne, Henry Moret (1856-1913) demeure aujourd’hui encore un artiste mal connu. Peu d’éléments éclairent sa biographie si ce n’est sa précoce installation à Lorient en 1875 puis son compagnonnage discret avec Gauguin, Filiger, Sérusier ou De Haan. Esprit libre, Henry Moret les a côtoyés tout en évitant soigneusement de subir leur trop fort ascendant. Sa recherche de solitude l’a préservé des ruptures brutales tout en lui offrant l’opportunité d’exprimer une approche originale de l’art du paysage en Bretagne.
Après un enseignement classique à Paris auprès des peintres Henri Lehmann et Jean-Paul Laurens, Moret opte pour une carrière de peintre paysagiste dans une veine prolongeant la leçon de Corot et des peintres de Barbizon. Puis son style connaît un bouleversement capital à partir de 1888 au contact des artistes de l’École de Pont-Aven. Témoin privilégié de l’éclosion du Synthétisme, il renouvelle alors son approche du paysage par des cadrages audacieux inspirés de l’estampe japonaise, par de larges aplats de couleurs et l’usage modéré du cerne.
Dès 1891, il commence ses longs séjours dans les îles du Ponant qui, avec les côtes finistériennes, deviennent ses sujets de prédilection. Mais en artiste intuitif et sensitif, Moret penche progressivement vers l’univers des impressionnistes, opérant une jonction entre ces deux mouvements opposés.
À partir de 1895, sa palette connaît une évolution de plus en plus nette vers une peinture claire privilégiant les effets atmosphériques. Sa proximité avec le marchand des impressionnistes, Durand-Ruel, l’y encourage. Dès 1898 ce dernier lui réserve régulièrement les cimaises de ses galeries à Paris et New York et lui offre ainsi la sécurité matérielle. Désormais, il va approfondir certains thèmes chers à l’art du paysage : variations sur les saisons, jeux d’ombres et de lumières, miroitements de l’océan, palpitations de la brise marine. À l’instar d’un Claude Monet, Moret ausculte la nature et, par une dissolution de plus en plus appuyée de la touche, tente d’en traduire l’essence musicale et poétique.
L’exposition du musée, qui réunit près d’une centaine d’œuvres de Moret, illustre le cheminement de ce peintre témoin des grands bouleversements que connaît la peinture à la fin du XIXe siècle. Elle a pour objectif de mettre en lumière sa contribution essentielle au rayonnement de l’histoire de l’art en Bretagne mais aussi, tout simplement, d’ouvrir une fenêtre vers ses vastes horizons qu’il a si bien transcrits.
Une rétrospective qui renouvelle le regard sur l'art de Moret
Depuis les expositions remontant à la fin des années 1990, Henry Moret n’a bénéficié d’aucune rétrospective monographique. Seules quelques œuvres relativement bien étudiées de ce peintre ont été présentées récemment dans le cadre d’expositions thématiques consacrées notamment au paysage en Bretagne ou à la diffusion de l’impressionnisme.
Le projet initié à Quimper rassemble un ensemble suffisamment complet et représentatif de l’art d’un peintre au parcours bien plus varié qu’il n’y paraît de prime abord.
L’articulation de l’exposition repose ainsi sur une approche chronologique complétée parfois de sous-sections thématiques (paysages insulaires, variations atmosphériques, travaux des champs…).
Pour en revenir au fil chronologique, essentiel pour comprendre et interpréter l’œuvre d’Henry Moret, la première partie du parcours insiste sur ses années de formation, de Lorient à Paris. Sont ensuite évoqués ses séjours au Pouldu, ses rencontres à Pont-Aven, la maturation de son style mêlant subtilement synthétisme et impressionnisme et enfin l’épanouissement de la touche qui va aller en s’amplifiant durant les années Durand-Ruel.
Cette exposition, accompagnée d’un catalogue richement illustré, permet, en ne négligeant aucune des rares sources documentaires repérées, de mieux appréhender l’importance et la valeur de l’œuvre d’Henry Moret.
Si l’artiste a été d’une rare discrétion, l’ensemble de sa production plaide pour une reconnaissance amplement méritée. Grâce aux prêts consentis, notamment par des collectionneurs privés, l’exposition réunit une sélection de presque cent œuvres pour beaucoup inédites.
Vidéo annonce de l'exposition Henry Moret
