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Henri Royer (1869-1938), 11 dessins dont 3 études préparatoires au tableau "L'Ex-voto", 6 études pour une « Déploration du Christ » et 2 études pour une « Jeune Femme à la cruche (Sicile) » , vers 1898 - Encre, crayon bleu et mine de plomb sur papier, 63 x 48.2 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper

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Nouvelle acquisition : dessins d'Henri Royer

Le musée a pu acheter un ensemble de dessins d'Henri Royer parmi lesquelles 3 esquisses préparatoires de l'"Ex-Voto", fleuron de la salle bretonne du 19e siècle. Ces études permettent de mieux appréhender le travail du peintre commençant par placer les volumes architecturaux de la chapelle où se déroule la scène avant d'ajouter les personnages et de tester leurs attitudes.

Henri Royer est loin d’être un inconnu dans les collections du musée. En effet, l’État a acquis puis déposé à Quimper un important tableau présenté au Salon de 1898, L’Ex-voto, dont la facture et le sujet ne pouvaient que séduire les édiles du Finistère. Ce tableau a fait l’objet d’un transfert de propriété en 2013 et continue de figurer parmi les œuvres les plus fameuses du fonds breton.

D’origine lorraine, Henri Royer est le fils d’un imprimeur-lithographe de Nancy. Proche d’Émile Friant, il travaille à ses côtés et privilégie une approche naturaliste de la peinture. Le prestige d’un autre Lorrain, Jules Bastien-Lepage est alors à son apogée et explique probablement la recherche de sujets inspirés de la vie quotidienne et du monde rural. Passé par l’académie Julian et les cours de Jules Lefebvre et Joseph Boulanger, Henri Royer découvre la Bretagne en 1896. Son séjour lui permet d’approcher la géographie rude et austère du monde capiste entre Audierne, Primelin, la pointe du Raz et l’Ile de Sein. Cette première prise de contact avec la péninsule armoricaine sera suivie de séjours fréquents jusqu’au début des années 1930 et nourrira un corpus abondant de sujets maritimes. En 1896 donc, Henri Royer expose au Salon une composition monumentale, L’Ex-voto, qui décrit un épisode de piété populaire caractéristique du quotidien du milieu des marins-pêcheurs. Cette scène de dévotion met en relief l’offrande d’une maquette de bateau, un ex-voto, à la Vierge Marie. Pauvrement vêtu, le marin est soutenu par une assistance nombreuse et recueillie. A l’authenticité de l’atmosphère répond l’authenticité des lieux, l’intérieur de la chapelle Saint-Tugen de Primelin ainsi que la description scrupuleuse des coiffes du Cap-Sizun. Proche de sujets prisés par Pascal Dagnan-Bouveret, cette toile affirme aussi le credo naturaliste du peintre qui recherche l’expression juste d’un monde aux mœurs réputées préservées et qui semble indifférent aux grands bouleversements qui métamorphosent la société française.

La planche de dessins est intéressante en ce qu’elle présente un montage de onze études dont trois sont directement reliées au tableau de l’Ex-voto. Plus précisément, deux de ces dessins sont suffisamment travaillés pour que l’on y reconnaisse sans peine l’essentiel de la composition. L’étude la plus importante permet de mieux appréhender le travail du peintre. Ce dernier définit d’abord les volumes de l’architecture intérieure de la chapelle avant d’y superposer, comme en surimpression, les différents acteurs de cette scène de piété. Naturellement, on y découvre les hésitations de l’artiste qui teste les attitudes ou les positions des fidèles. Néanmoins, Henri Royer semble avoir trouver dès l’origine la place et le mouvement du personnage principal, le marin qui dépose l’ex-voto sur l’autel dédié à la Vierge.

Ces trois dessins, sans que l’on en connaisse la raison sinon des facilités de montage, sont associés à deux études siciliennes et surtout cinq croquis d’une Déploration du Christ. L’intérêt de tous ces dessins est autre mais confirme toutefois la pratique généralisée de l’étude préparatoire chez la plupart des artistes de cette époque.