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Jeanne Jozon (1868-1946) "Jeune Bretonne, l'attente", vers 1890 - Grès, émaillage polychrome, 25.2 x 20.3 x 21 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper/Photo Bernard Galéron

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Un grès émaillé de Jeanne Jozon entre au musée

Un don de Jean-David Jumeau-Lafond permet d'accueillir dans les collections d'arts décoratifs une petite sculpture de Jeanne Jozon au sujet breton, dont la technique d'émaillage particulière témoigne d'une collaboration fructueuse avec Edmond Lachenal à la fin du XIXe siècle.

Quelques rares repères biographiques permettent de suivre la carrière artistique de Jeanne Jozon. Formée à l’École nationale des beaux-arts de Bourges (1886), elle intègre ensuite les cours de l’Académie Julian à Paris où elle bénéficie de l’enseignement du sculpteur Denys Puech. En 1889, elle crée le buste d’une jeune Bretonne en coiffe dont on retrouve la trace dans le catalogue illustré du Salon sous le titre évocateur de Souvenir d’Auray. Pratiquant la sculpture en taille directe , mais affectionnant aussi les possibilités offertes par les arts de la céramique, Jeanne Jozon travaille en différentes occasions avec Edmond Lachenal. Plusieurs grès émaillés attestent de cette collaboration, notamment sur des sujets bretons . On retrouve sur ces pièces d’une grande perfection technique l’application d’un procédé original créé par Edmond Lachenal après l’Exposition universelle de 1889. Celui-ci consiste en l’application d’un vernis spécial pour les grès qui produit des effets nuancés particulièrement subtils. Connue sous le nom « d’émail mat velouté », cette technique valorise parfaitement les sujets bretons de Jeanne Jozon. Appuyée sur un rocher, une jeune Bretonne, portant coiffe et vêtements du pays d’Auray, semble veiller un horizon lointain dont on ne soupçonne rien. Isolée dans sa contemplation, cette figure se détache de la simple anecdote et nous invite à une lecture plus méditative. La qualité du modelage de Jeanne Jozon est parfaitement servie par le rendu de l’émail. Les formes sont fondues, les pigments limités et le corps de la jeune femme paraît épouser le relief du rocher. Datable des années 1890, elle pourrait suggérer avec finesse le sujet de l’attente du retour des pêcheurs, thème traité en de nombreuses occasions par les artistes férus de sujets marins.