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Roland Sénéca (né en 1942) « Utopie », 2003 - Techniques mixtes, 145 x 150 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © musée des beaux-arts de Quimper / Frédéric Harster

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3 œuvres magistrales de Roland Sénéca offertes au musée

Bien qu’il soit né à Chalon sur Saône le 19 avril 1942, Roland Sénéca a fait de Douarnenez son port d’attache depuis qu’il s’y est installé en 1968. À quelques encablures du port de plaisance, dans son atelier suspendu que l’on atteint après avoir franchi un îlot de verdure perché entre ciel et terre, l’artiste démiurge donne corps à un œuvre polymorphe qui fait fi de toute classification.

Il écrit aussi, publiant inlassablement, avec la régularité d’un métronome, des livres aussi rares que précieux dans lesquels il livre ses pensées sur l’art et sur son travail de plasticien. Ces trois œuvres s’ajoutent à deux eaux-fortes acquises auprès de l’artiste en 1984. Elles illustrent un nouveau pan de sa création. Deux d’entre elles font partie d’une série intitulée Utopie et datée de 2003, la dernière est sans titre et date de l’année suivante. Dans leur matérialité, ces trois œuvres « immenses comme des tentures primitives » se présentent sous la forme d’un palimpseste qui agrège des éléments de natures différentes. Sur un support cartonné de format assez imposant, Sénéca a appliqué par collage des strates de papiers du Japon ou de Chine qu’il a mêlés à des éléments de gravures. Certaines parties sont encrées puis retravaillées à la peinture acrylique ou vinylique. L’épaisseur des collages donne de la densité à la composition et créé une impression de profondeur. Elle confère également au support une certaine rigidité qui permet de présenter les œuvres sans cadre et sans tension un peu à la manière des kakemonos japonais. Du point de vue iconographique, ces trois œuvres sont un juste reflet de cet « au-delà poétique » qui dépasse les déterminations esthétiques et qui caractérise l’œuvre de Sénéca et son langage pictural oscillant entre biomorphisme et visions oniriques. Elles sont en outre, aux côtés des œuvres des Quimpérois Yves Doaré et Alain Le Quernec les plus parfaites expressions de l’art qui s’épanouit depuis cinq décennies en Finistère-Sud. Par leur singularité, elles apportent la vision d’un univers esthétique et formel qui est propre à l’artiste, véritable démiurge de l’imaginaire qui façonne à travers ses œuvres des « matières à rêves » comme il l’écrit lui-même.

Dons de Me Jean-Claude Gourvès