RUE CHAPTAL
18 AOÛT 2006
Affiches collées et lacérées
2007-3-1
Don de l'artiste en 2007
H. 193 cm - L. 119 cm
La générosité des artistes envers le musée de Quimper n’est plus à démontrer et Jacques Villeglé, Quimpérois d’origine, n’a pas manqué de s’inscrire dans cette tradition en faisant don en 2007 de son œuvre de 2006, Rue Chaptal.
L'œuvre, résultat d’une superposition d’affiches lacérées, est très représentative du mode opératoire de l'artiste. Son univers est constitué, depuis près de soixante ans, de publicités déchiquetées, réutilisées et détournées, comme s’il « tailladait » la ville. Depuis la fin des années 1940, il utilise quasi exclusivement le « matériau » de l’affiche lacérée qu’il prélève ou collectionne dans les rues pour les maroufler sur toile, sans intervenir sur leur composition. Il revendique une certaine filiation avec Matisse en indiquant, avec quelque humour, que lorsque le grand maître colle ses papiers, Villeglé, lui, décolle.
Il laisse émerger du chaos de la ville une certaine esthétique où s’unissent textes et images dans un tourbillon de couleurs et de mots fragmentés. Le quotidien, le « vil » entrent ainsi dans le monde de l’art : s’il n’intervient pas sur l’affiche elle-même, Villeglé choisit sa proie en examinant le lien qu’elle peut faire naître entre beauté plastique et message politique, poétique ou social. « Mon œuvre, dit Villeglé, s’est organisée sous l’égide du "Lacéré Anonyme"… cette notion d’anonymat m’a sauvé : car si j’avais produit moi-même des affiches ou des tableaux, j’en aurais fait un très calme le matin puis un autre expressionniste une heure plus tard. Or j’avais besoin, en tant qu’artiste, d’oublier mon identité et mes humeurs personnelles. Au moment où est apparue l’idée de "Lacéré Anonyme", j’ai su que j’avais trouvé l’idée générale. »
Malgré ses origines, Jacques Villeglé a peu travaillé en Bretagne, ce qui rend d’autant plus importante l’exposition menée en 2006 par le Quartier-centre d’art contemporain, L’Opération quimpéroise, à l’occasion des 80 ans de l’artiste. Les commissaires de l’exposition ont l’idée de faire écho au travail de Gilles Mahé qui, en 1998 dans une exposition à Dijon L'Avant-garde est-elle bretonne ?, avait invité le public « à bien vouloir lacérer allègrement ces tableaux ». Ils décident donc pour L’Opération quimpéroise de faire apposer sur des panneaux électoraux dans toute la ville plusieurs affiches de l’exposition conçues par la graphiste Véfa Lucas et imprimées sur six papiers de couleurs différentes. Jacques Villeglé a ensuite arraché vingt-huit affiches de format divers, ici dans la rue Chaptal qui a donné son nom à l’œuvre, puis les a marouflées sur une toile. La date de l’œuvre (18 août 2006) correspond à sa date de prélèvement dans la ville.
Cette composition attire l’œil du visiteur par ses couleurs vives, presque fluorescentes. Des verts et jaunes contrastent avec les oranges et rouges. Ces fragments d'affiches déchirées s'apparentent presque à de la peinture projetée sur une toile. Il est difficile de déterminer de combien d’épaisseurs est fait ce palimpseste urbain. Plusieurs fragments restent reconnaissables, notamment l’affiche du festival de cinéma de Douarnenez en 2006 réalisée par Bruno Le Floc’h, où on aperçoit le dessin d’un accordéoniste des Balkans. Et bien entendu, les affiches fluos de l’exposition du Quartier.
RUE CHAPTAL
18 AOÛT 2006
Affiches collées et lacérées
2007-3-1
Don de l'artiste en 2007
H. 193 cm - L. 119 cm
La générosité des artistes envers le musée de Quimper n’est plus à démontrer et Jacques Villeglé, Quimpérois d’origine, n’a pas manqué de s’inscrire dans cette tradition en faisant don en 2007 de son œuvre de 2006, Rue Chaptal.
L'œuvre, résultat d’une superposition d’affiches lacérées, est très représentative du mode opératoire de l'artiste. Son univers est constitué, depuis près de soixante ans, de publicités déchiquetées, réutilisées et détournées, comme s’il « tailladait » la ville. Depuis la fin des années 1940, il utilise quasi exclusivement le « matériau » de l’affiche lacérée qu’il prélève ou collectionne dans les rues pour les maroufler sur toile, sans intervenir sur leur composition. Il revendique une certaine filiation avec Matisse en indiquant, avec quelque humour, que lorsque le grand maître colle ses papiers, Villeglé, lui, décolle.
Il laisse émerger du chaos de la ville une certaine esthétique où s’unissent textes et images dans un tourbillon de couleurs et de mots fragmentés. Le quotidien, le « vil » entrent ainsi dans le monde de l’art : s’il n’intervient pas sur l’affiche elle-même, Villeglé choisit sa proie en examinant le lien qu’elle peut faire naître entre beauté plastique et message politique, poétique ou social. « Mon œuvre, dit Villeglé, s’est organisée sous l’égide du "Lacéré Anonyme"… cette notion d’anonymat m’a sauvé : car si j’avais produit moi-même des affiches ou des tableaux, j’en aurais fait un très calme le matin puis un autre expressionniste une heure plus tard. Or j’avais besoin, en tant qu’artiste, d’oublier mon identité et mes humeurs personnelles. Au moment où est apparue l’idée de "Lacéré Anonyme", j’ai su que j’avais trouvé l’idée générale. »
Malgré ses origines, Jacques Villeglé a peu travaillé en Bretagne, ce qui rend d’autant plus importante l’exposition menée en 2006 par le Quartier-centre d’art contemporain, L’Opération quimpéroise, à l’occasion des 80 ans de l’artiste. Les commissaires de l’exposition ont l’idée de faire écho au travail de Gilles Mahé qui, en 1998 dans une exposition à Dijon L'Avant-garde est-elle bretonne ?, avait invité le public « à bien vouloir lacérer allègrement ces tableaux ». Ils décident donc pour L’Opération quimpéroise de faire apposer sur des panneaux électoraux dans toute la ville plusieurs affiches de l’exposition conçues par la graphiste Véfa Lucas et imprimées sur six papiers de couleurs différentes. Jacques Villeglé a ensuite arraché vingt-huit affiches de format divers, ici dans la rue Chaptal qui a donné son nom à l’œuvre, puis les a marouflées sur une toile. La date de l’œuvre (18 août 2006) correspond à sa date de prélèvement dans la ville.
Cette composition attire l’œil du visiteur par ses couleurs vives, presque fluorescentes. Des verts et jaunes contrastent avec les oranges et rouges. Ces fragments d'affiches déchirées s'apparentent presque à de la peinture projetée sur une toile. Il est difficile de déterminer de combien d’épaisseurs est fait ce palimpseste urbain. Plusieurs fragments restent reconnaissables, notamment l’affiche du festival de cinéma de Douarnenez en 2006 réalisée par Bruno Le Floc’h, où on aperçoit le dessin d’un accordéoniste des Balkans. Et bien entendu, les affiches fluos de l’exposition du Quartier.