SAINT SÉBASTIEN ATTACHÉ PAR UN BOURREAU
XVIIe
Huile sur toile
873-1-638
Legs de Silguy, 1864
H. 132,5 - L. 105 cm
Solidement attaché à un poteau par un bourreau, un jeune homme nimbé s’apprête à subir son martyr. Il s’agit très vraisemblablement de saint Sébastien, condamné à mourir percé de flèches, auquel cas cette représentation ne manque pas d’originalité. En effet, le thème du martyr de saint Sébastien fut abondamment traité par les peintres depuis la Renaissance ; en général, les artistes l’ont vu comme un éphèbe et ont aimé détailler son corps juvénile criblé de flèches. Or, de flèches, ici, il n’y a pas la moindre trace. En vérité, aucun attribut ne permet d’identifier le saint, ce qui est rare dans la peinture occidentale. De fait, ce tableau se distingue par sa concision. Pas de décor, pas le moindre détail superflu. Deux personnages sur un fond sombre, c’est tout. L’un en pagne, auréolé d’un nimbe discret, l’autre en habits contemporains du peintre ; et cela suffit à identifier un saint martyr et son bourreau.
D’un point de vue stylistique, le tableau s’inscrit dans la lignée caravagesque. Les principaux ressorts de la peinture religieuse du Caravage dans sa période romaine (1599-1606) sont repris, ainsi la lumière directe qui depuis l’extérieur pénètre brutalement l’obscurité pour buter sur les figures, ou le raccourci du bourreau qui donne l’illusion d’une saillie dans l’espace du spectateur. L’auteur de cette œuvre est donc sans doute à chercher parmi le groupe très hétérogène des peintres caravagesques de la première période, actifs vers 1615. Son style se définit en une facture léchée et un graphisme compact, avec des formes nettes aux contours précis qui cloisonnent des blancs lumineux. Ce style ne manque pas de personnalité si l’on considère, en particulier, les traits du visage du saint, son nez et sa bouche surtout. Malgré un langage personnel, le tableau ne dévoile pas facilement le secret de son auteur. Bien des noms d’artistes ont été prononcés par les spécialistes, jamais avec grande conviction : Bartolomeo Manfredi (1582-1622), Luis Finson (av. 1580 – 1617), Orazio Riminaldi (1586-1631) ou même des caravagesques français, tels Nicolas Tournier (1590 – v. 1638) ou Nicolas Régnier (1590-1667)… Bref, ce tableau reste pour le moment bien mystérieux.
Mylène Allano, historienne de l'art
SAINT SÉBASTIEN ATTACHÉ PAR UN BOURREAU
XVIIe
Huile sur toile
873-1-638
Legs de Silguy, 1864
H. 132,5 - L. 105 cm
Solidement attaché à un poteau par un bourreau, un jeune homme nimbé s’apprête à subir son martyr. Il s’agit très vraisemblablement de saint Sébastien, condamné à mourir percé de flèches, auquel cas cette représentation ne manque pas d’originalité. En effet, le thème du martyr de saint Sébastien fut abondamment traité par les peintres depuis la Renaissance ; en général, les artistes l’ont vu comme un éphèbe et ont aimé détailler son corps juvénile criblé de flèches. Or, de flèches, ici, il n’y a pas la moindre trace. En vérité, aucun attribut ne permet d’identifier le saint, ce qui est rare dans la peinture occidentale. De fait, ce tableau se distingue par sa concision. Pas de décor, pas le moindre détail superflu. Deux personnages sur un fond sombre, c’est tout. L’un en pagne, auréolé d’un nimbe discret, l’autre en habits contemporains du peintre ; et cela suffit à identifier un saint martyr et son bourreau.
D’un point de vue stylistique, le tableau s’inscrit dans la lignée caravagesque. Les principaux ressorts de la peinture religieuse du Caravage dans sa période romaine (1599-1606) sont repris, ainsi la lumière directe qui depuis l’extérieur pénètre brutalement l’obscurité pour buter sur les figures, ou le raccourci du bourreau qui donne l’illusion d’une saillie dans l’espace du spectateur. L’auteur de cette œuvre est donc sans doute à chercher parmi le groupe très hétérogène des peintres caravagesques de la première période, actifs vers 1615. Son style se définit en une facture léchée et un graphisme compact, avec des formes nettes aux contours précis qui cloisonnent des blancs lumineux. Ce style ne manque pas de personnalité si l’on considère, en particulier, les traits du visage du saint, son nez et sa bouche surtout. Malgré un langage personnel, le tableau ne dévoile pas facilement le secret de son auteur. Bien des noms d’artistes ont été prononcés par les spécialistes, jamais avec grande conviction : Bartolomeo Manfredi (1582-1622), Luis Finson (av. 1580 – 1617), Orazio Riminaldi (1586-1631) ou même des caravagesques français, tels Nicolas Tournier (1590 – v. 1638) ou Nicolas Régnier (1590-1667)… Bref, ce tableau reste pour le moment bien mystérieux.
Mylène Allano, historienne de l'art