PIETÀ
Vers 1932
Pastel sur papier
2012-2-1
Don de la famille de l’artiste en 2012
H. 50 cm - L. 39 cm
Dès son arrivée à Châteaulin le 1er février 1930, Jean Moulin, jeune sous-préfet, commence à explorer son vaste arrondissement qui s’étend de Carhaix à Camaret. Conseillé par Max Jacob, Saint-Pol-Roux, Charles Daniélou ou Augustin Tuset, il en découvre avec enthousiasme les monuments. Une sculpture en kersantite, du début du XVIe siècle, placée sur la base du calvaire près de l’église de Brasparts, retient son attention. Il s’agit d’une déploration de la Vierge sur le corps de son fils, entourée des Saintes Femmes. L’œuvre est très expressive par sa rusticité, par la simplification des attitudes et par l’invraisemblance de la position du corps du Christ. Max Jacob s’est également intéressé à ce groupe et l’a dessiné (Composition d’après un calvaire breton, collection particulière). Jean Moulin a peut-être au même moment représenté la sculpture.
Puis, en relation avec Giovanni Leonardi, probablement en 1932, le sous-préfet artiste décide d’en faire le sujet d’une céramique. Le travail sera mené à la faïencerie HB où le céramiste sicilien a l’habitude de travailler.
Le pastel offert au musée par Suzanne Escoffier et Renée Dubois, petites-cousines de Jean Moulin, est sans doute dessiné à l’échelle à ce moment-là. Pour la peinteuse qui va reporter le dessin sur les 35 petits carreaux de faïences, Jean Moulin simplifie autant que possible les lignes et la composition et précise la gamme colorée restreinte.
Il s’agira de la seule céramique réalisée par Jean Moulin qui l’offrira à son ami Tuset (le musée a pu l’acquérir par la suite). Il sera très occupé les mois suivants puis quittera prématurément la Bretagne.
Jean Moulin conservera le pastel qui est l’une de ses dernières créations avant d’être absorbé par ses fonctions préfectorales, son travail dans les cabinets ministériels, puis ses activités de résistant. Sa sœur Laure le conservera à son tour.
Le choix d’un tel thème peut étonner, de la part d’un homme passant pour non-croyant. Durant les trois années passées en Bretagne, il a découvert avec étonnement et passion un monde dont il ignorait tout, et qu’il a pu s’approprier grâce à des amis comme Max Jacob ou à la poésie de Tristan Corbière.
André Cariou pour Le Journal des collections
PIETÀ
Vers 1932
Pastel sur papier
2012-2-1
Don de la famille de l’artiste en 2012
H. 50 cm - L. 39 cm
Dès son arrivée à Châteaulin le 1er février 1930, Jean Moulin, jeune sous-préfet, commence à explorer son vaste arrondissement qui s’étend de Carhaix à Camaret. Conseillé par Max Jacob, Saint-Pol-Roux, Charles Daniélou ou Augustin Tuset, il en découvre avec enthousiasme les monuments. Une sculpture en kersantite, du début du XVIe siècle, placée sur la base du calvaire près de l’église de Brasparts, retient son attention. Il s’agit d’une déploration de la Vierge sur le corps de son fils, entourée des Saintes Femmes. L’œuvre est très expressive par sa rusticité, par la simplification des attitudes et par l’invraisemblance de la position du corps du Christ. Max Jacob s’est également intéressé à ce groupe et l’a dessiné (Composition d’après un calvaire breton, collection particulière). Jean Moulin a peut-être au même moment représenté la sculpture.
Puis, en relation avec Giovanni Leonardi, probablement en 1932, le sous-préfet artiste décide d’en faire le sujet d’une céramique. Le travail sera mené à la faïencerie HB où le céramiste sicilien a l’habitude de travailler.
Le pastel offert au musée par Suzanne Escoffier et Renée Dubois, petites-cousines de Jean Moulin, est sans doute dessiné à l’échelle à ce moment-là. Pour la peinteuse qui va reporter le dessin sur les 35 petits carreaux de faïences, Jean Moulin simplifie autant que possible les lignes et la composition et précise la gamme colorée restreinte.
Il s’agira de la seule céramique réalisée par Jean Moulin qui l’offrira à son ami Tuset (le musée a pu l’acquérir par la suite). Il sera très occupé les mois suivants puis quittera prématurément la Bretagne.
Jean Moulin conservera le pastel qui est l’une de ses dernières créations avant d’être absorbé par ses fonctions préfectorales, son travail dans les cabinets ministériels, puis ses activités de résistant. Sa sœur Laure le conservera à son tour.
Le choix d’un tel thème peut étonner, de la part d’un homme passant pour non-croyant. Durant les trois années passées en Bretagne, il a découvert avec étonnement et passion un monde dont il ignorait tout, et qu’il a pu s’approprier grâce à des amis comme Max Jacob ou à la poésie de Tristan Corbière.
André Cariou pour Le Journal des collections