BROCHE AUX QUATRE LIBELLULES
Vers 1903-1904
Or, émail cloisonné, topazes, diamants et aigue-marine
36-1-43
Legs Corentin-Guyho, 1936
H. 6,2 cm - L. 6,2 cm
Au musée, cette Broche aux libellules est exposée aux côtés du Bracelet Topazes et poissons de René Lalique et de plusieurs bijoux d’Henri Dubret. Auprès des vases de Sèvres déposés par la Manufacture au tournant du xxe siècle, l’ensemble célèbre la féérie de la nature selon une conception propre à l’Art Nouveau et qui vient pour partie de la vogue d’alors pour les arts du Japon. L’herbe des champs, la fleur sauvage, comme l’infinie variété des insectes, deviennent autant de motifs pour les artistes qui tentent d’en célébrer la beauté à travers le choix des matières et des compositions harmonieuses. La broche aux libellules en constitue un exemple magistral.
Dans ce bijou somptueux, Lalique décline le motif de la libellule qui avait contribué au succès de son fameux pectoral Femme Libellule présenté à L’Exposition universelle de 1900. Ce bijou, tout autant décrié qu’admiré, avait ensuite été porté par Sarah Bernhardt avant d’être acheté par l’homme d’affaire et millionnaire arménien Calouste Surkis Gulbenkian (sa collection est aujourd’hui à Lisbonne dans le musée qui porte son nom). Notre broche, datée de 1903-1904, est créée à la suite de ce succès et marque l’apogée de la carrière du joaillier parisien avant qu’il ne cesse cette activité en 1912 pour se consacrer exclusivement à la verrerie. Elle s’inscrit également dans le corpus des bijoux remarquables de l’Art Nouveau au moment de l’épanouissement de ce style dans le domaine de la joaillerie (1880-1914).
Dans une harmonie de couleur bleu turquoise, quatre libellules de profil soutiennent de leurs pattes graciles une aigue-marine ovoïde qui constitue le centre de la composition. Celle-ci trouve son prolongement dans un pendentif en forme de mandorle de pierre similaire. Un fin réseau de fils d’or et d’émail à jour forment la structure de la membrane alaire des ailes, leur conférant grâce et légèreté.
Nous devons la présence de ce bijou, et de ceux cités plus haut, à l’homme politique et magistrat Léonard Corentin-Guyho (1844-1922) qui légua sa collection au musée à sa mort. Beaucoup moins connu que le legs de Jean-Marie de Silguy (qui fut à l’origine du musée en 1864 avec ses 1 200 peintures, 2 000 dessins, centaines de sculptures et milliers de gravures), la collection de Corentin-Guyho n’en est pas moins intéressante. Son éclectisme et la qualité des œuvres qu’elle contient en font toute sa richesse. Elle comprend 230 numéros, dont de nombreux objets d’art, des dessins ainsi qu’une belle sélection de peintures qui occupent aujourd’hui les cimaises du musée. Corentin-Guyho est en effet le donateur de l’œuvre la plus ancienne du musée : le Saint Paul de Bartolo di Fredi exécuté à Sienne vers 1390-1400. Il a également permis de faire entrer dans les collections des paysages de l’École de Barbizon par Harpignies et Diaz de la Peña, La Soupe d’Eugène Carrière (1886) ou encore Les Incompris de Devambez (1904).
Aux côtés du fonds ancien, des peintures de Salon du XIXe siècle à sujets bretons, des grands décors et des œuvres de l’École de Pont-Aven qui font la richesse du musée de Quimper, ces peintures - et plus globalement l’ensemble du legs Corentin-Guyho - ouvrent aussi le regard sur la passion d’un amateur éclairé de la Belle Époque.
BROCHE AUX QUATRE LIBELLULES
Vers 1903-1904
Or, émail cloisonné, topazes, diamants et aigue-marine
36-1-43
Legs Corentin-Guyho, 1936
H. 6,2 cm - L. 6,2 cm
Au musée, cette Broche aux libellules est exposée aux côtés du Bracelet Topazes et poissons de René Lalique et de plusieurs bijoux d’Henri Dubret. Auprès des vases de Sèvres déposés par la Manufacture au tournant du xxe siècle, l’ensemble célèbre la féérie de la nature selon une conception propre à l’Art Nouveau et qui vient pour partie de la vogue d’alors pour les arts du Japon. L’herbe des champs, la fleur sauvage, comme l’infinie variété des insectes, deviennent autant de motifs pour les artistes qui tentent d’en célébrer la beauté à travers le choix des matières et des compositions harmonieuses. La broche aux libellules en constitue un exemple magistral.
Dans ce bijou somptueux, Lalique décline le motif de la libellule qui avait contribué au succès de son fameux pectoral Femme Libellule présenté à L’Exposition universelle de 1900. Ce bijou, tout autant décrié qu’admiré, avait ensuite été porté par Sarah Bernhardt avant d’être acheté par l’homme d’affaire et millionnaire arménien Calouste Surkis Gulbenkian (sa collection est aujourd’hui à Lisbonne dans le musée qui porte son nom). Notre broche, datée de 1903-1904, est créée à la suite de ce succès et marque l’apogée de la carrière du joaillier parisien avant qu’il ne cesse cette activité en 1912 pour se consacrer exclusivement à la verrerie. Elle s’inscrit également dans le corpus des bijoux remarquables de l’Art Nouveau au moment de l’épanouissement de ce style dans le domaine de la joaillerie (1880-1914).
Dans une harmonie de couleur bleu turquoise, quatre libellules de profil soutiennent de leurs pattes graciles une aigue-marine ovoïde qui constitue le centre de la composition. Celle-ci trouve son prolongement dans un pendentif en forme de mandorle de pierre similaire. Un fin réseau de fils d’or et d’émail à jour forment la structure de la membrane alaire des ailes, leur conférant grâce et légèreté.
Nous devons la présence de ce bijou, et de ceux cités plus haut, à l’homme politique et magistrat Léonard Corentin-Guyho (1844-1922) qui légua sa collection au musée à sa mort. Beaucoup moins connu que le legs de Jean-Marie de Silguy (qui fut à l’origine du musée en 1864 avec ses 1 200 peintures, 2 000 dessins, centaines de sculptures et milliers de gravures), la collection de Corentin-Guyho n’en est pas moins intéressante. Son éclectisme et la qualité des œuvres qu’elle contient en font toute sa richesse. Elle comprend 230 numéros, dont de nombreux objets d’art, des dessins ainsi qu’une belle sélection de peintures qui occupent aujourd’hui les cimaises du musée. Corentin-Guyho est en effet le donateur de l’œuvre la plus ancienne du musée : le Saint Paul de Bartolo di Fredi exécuté à Sienne vers 1390-1400. Il a également permis de faire entrer dans les collections des paysages de l’École de Barbizon par Harpignies et Diaz de la Peña, La Soupe d’Eugène Carrière (1886) ou encore Les Incompris de Devambez (1904).
Aux côtés du fonds ancien, des peintures de Salon du XIXe siècle à sujets bretons, des grands décors et des œuvres de l’École de Pont-Aven qui font la richesse du musée de Quimper, ces peintures - et plus globalement l’ensemble du legs Corentin-Guyho - ouvrent aussi le regard sur la passion d’un amateur éclairé de la Belle Époque.