Les céramiques de la Manufacture de Sèvres dans les collections du musée des Beaux-Arts de Quimper
1879-1907
Le musée des Beaux-arts de Quimper regroupe à ce jour plus de cent pièces de la collection de la Manufacture nationale de Sèvres. Ces œuvres constituent un ensemble remarquable qui s’est formé grâce à un certain nombre de dépôts. Effectués entre 1879 et 1907, ils permettent d’illustrer une production riche et diversifiée. L’ensemble, composé de vases, de statues, de médaillons, montre l’évolution technique et esthétique qui s’est produit au sein de la Manufacture au fil des années.
Le premier dépôt, comportant uniquement trois vases, a été accordé au musée de Quimper par un arrêté ministériel du 17 juillet 1879. Le suivant a eu lieu quelques années plus tard. Dans sa lettre datant du 9 décembre 1880, Louis Hémon, député breton, évoque ce nouveau prêt. Il souligne également l’importance des œuvres données au musée : « Ces produits comprennent quatre vases, une assiette en porcelaine et trois plats en faïence (datant du 1868-1869). Vous savez que la fabrication de la faïence a été arrêtée ; les plats accordés au musée de Quimper ne peuvent pas être regardés comme types, mais bien comme des pièces constituant les premiers essais d’un genre de céramique qui doit sa renaissance à la Manufacture Nationale ».
A la fin du XIXème siècle, la production de Sèvres est marquée par la direction d’Albert Carrier-Belleuse (1877-1886). Ayant beaucoup d’ambition, ce directeur des travaux d’art est le premier à entamer une rupture avec la tradition et à ouvrir les portes de la Manufacture à la modernité. Apportant sa touche personnelle en tant que sculpteur, il est également à l’initiative de collaborations avec des artistes contemporains, tel Auguste Rodin. Outre de nouvelles formes et de nouveaux décors (flammés, cristallisation…), c’est le moment de la mise au point d’une nouvelle technique – « porcelaine nouvelle » par Lauth et Vogt. Cette porcelaine dure a permis d’élargir la gamme des couleurs et d’employer un certain nombre d’émaux colorés, ne pouvant pas être appliqués auparavant.
Dans les années 1897, Alfred Beau, directeur du musée des Beaux-Arts de Quimper et d’une faïencerie, demande un nouveau prêt. Il souhaite enrichir le musée de pièces de faïence à l’émail stannifère appartenant à la fabrication de Locmaria ou s’en rapprochant. Le musée de la céramique, ne disposant pas de doubles des œuvres demandées, est dans l’impossibilité de répondre à cette demande mais offre à Quimper une trentaine de pièces en porcelaine pour compléter ses collections. Toujours en 1897, la Manufacture nationale change de directeur artistique. Alexandre Sandier (1897-1909) apporte une nouvelle jeunesse dans les décors, mais donne aussi une impulsion nouvelle à cet établissement devenu quelque peu obsolète.
En 1905, un important dépôt est réalisé. Le musée de Sèvres place à Quimper 89 pièces en porcelaine et en grès cérame, portant divers décors : couleurs sur couverte au grand feu, émail sur couverte, pâtes d’applications, couvertes à cristallisation, fonds rouge au grand feu (flambés), pâtes tendres, fonds sous couverte, couvertes mates, sculptures en grès, ainsi que des biscuits.
Dès les années 1900, la production de Sèvres reflète l’influence japonaise et de l’Art nouveau dans ses décors et ses formes. Par exemple, le sceau de Pompéi représente le style pompéien, créé par Albert Carrier-Belleuse dans les années 1880 et marque la période d’inspiration pour l’Antiquité. Le vase de Bourges, potiche ovoïde et le vase de Varennes, quant à eux, sont des exemples d’inspiration orientale, non par leur forme mais par leur couleur, rappelant «le sang de bœuf » chinois. Le vase aux chardons et le vase de Champrosay, avec leur forme évoquant des fleurs, symbolisent l’époque de l’Art nouveau et du japonisme dans l’art.
La dernière mise en dépôt date de 1907 avec des vases monumentaux et richement décorés : fleurs en émail, ornements en pâte d’application, dorures, gravures, couleurs sur couverte au grand feu... Ce sont des vases destinés à orner les diverses salles du musée de Quimper.
Depuis, cette riche collection des productions de la Manufacture nationale de Sèvres est exposée dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts et représente un point d’intérêt majeur au sein de cet établissement public culturel.
Anastasia Le Doaré
Les céramiques de la Manufacture de Sèvres dans les collections du musée des Beaux-Arts de Quimper
1879-1907
Le musée des Beaux-arts de Quimper regroupe à ce jour plus de cent pièces de la collection de la Manufacture nationale de Sèvres. Ces œuvres constituent un ensemble remarquable qui s’est formé grâce à un certain nombre de dépôts. Effectués entre 1879 et 1907, ils permettent d’illustrer une production riche et diversifiée. L’ensemble, composé de vases, de statues, de médaillons, montre l’évolution technique et esthétique qui s’est produit au sein de la Manufacture au fil des années.
Le premier dépôt, comportant uniquement trois vases, a été accordé au musée de Quimper par un arrêté ministériel du 17 juillet 1879. Le suivant a eu lieu quelques années plus tard. Dans sa lettre datant du 9 décembre 1880, Louis Hémon, député breton, évoque ce nouveau prêt. Il souligne également l’importance des œuvres données au musée : « Ces produits comprennent quatre vases, une assiette en porcelaine et trois plats en faïence (datant du 1868-1869). Vous savez que la fabrication de la faïence a été arrêtée ; les plats accordés au musée de Quimper ne peuvent pas être regardés comme types, mais bien comme des pièces constituant les premiers essais d’un genre de céramique qui doit sa renaissance à la Manufacture Nationale ».
A la fin du XIXème siècle, la production de Sèvres est marquée par la direction d’Albert Carrier-Belleuse (1877-1886). Ayant beaucoup d’ambition, ce directeur des travaux d’art est le premier à entamer une rupture avec la tradition et à ouvrir les portes de la Manufacture à la modernité. Apportant sa touche personnelle en tant que sculpteur, il est également à l’initiative de collaborations avec des artistes contemporains, tel Auguste Rodin. Outre de nouvelles formes et de nouveaux décors (flammés, cristallisation…), c’est le moment de la mise au point d’une nouvelle technique – « porcelaine nouvelle » par Lauth et Vogt. Cette porcelaine dure a permis d’élargir la gamme des couleurs et d’employer un certain nombre d’émaux colorés, ne pouvant pas être appliqués auparavant.
Dans les années 1897, Alfred Beau, directeur du musée des Beaux-Arts de Quimper et d’une faïencerie, demande un nouveau prêt. Il souhaite enrichir le musée de pièces de faïence à l’émail stannifère appartenant à la fabrication de Locmaria ou s’en rapprochant. Le musée de la céramique, ne disposant pas de doubles des œuvres demandées, est dans l’impossibilité de répondre à cette demande mais offre à Quimper une trentaine de pièces en porcelaine pour compléter ses collections. Toujours en 1897, la Manufacture nationale change de directeur artistique. Alexandre Sandier (1897-1909) apporte une nouvelle jeunesse dans les décors, mais donne aussi une impulsion nouvelle à cet établissement devenu quelque peu obsolète.
En 1905, un important dépôt est réalisé. Le musée de Sèvres place à Quimper 89 pièces en porcelaine et en grès cérame, portant divers décors : couleurs sur couverte au grand feu, émail sur couverte, pâtes d’applications, couvertes à cristallisation, fonds rouge au grand feu (flambés), pâtes tendres, fonds sous couverte, couvertes mates, sculptures en grès, ainsi que des biscuits.
Dès les années 1900, la production de Sèvres reflète l’influence japonaise et de l’Art nouveau dans ses décors et ses formes. Par exemple, le sceau de Pompéi représente le style pompéien, créé par Albert Carrier-Belleuse dans les années 1880 et marque la période d’inspiration pour l’Antiquité. Le vase de Bourges, potiche ovoïde et le vase de Varennes, quant à eux, sont des exemples d’inspiration orientale, non par leur forme mais par leur couleur, rappelant «le sang de bœuf » chinois. Le vase aux chardons et le vase de Champrosay, avec leur forme évoquant des fleurs, symbolisent l’époque de l’Art nouveau et du japonisme dans l’art.
La dernière mise en dépôt date de 1907 avec des vases monumentaux et richement décorés : fleurs en émail, ornements en pâte d’application, dorures, gravures, couleurs sur couverte au grand feu... Ce sont des vases destinés à orner les diverses salles du musée de Quimper.
Depuis, cette riche collection des productions de la Manufacture nationale de Sèvres est exposée dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts et représente un point d’intérêt majeur au sein de cet établissement public culturel.
Anastasia Le Doaré
Glossaire
Biscuit – porcelaine sans couverte, donc mate, qui n’a subi qu’une seule cuisson et qui ne comporte aucun décor ni émail.
Couverte – oxyde de plomb mélangé à des sables, dont les pièces de porcelaine tendre sont enduites pour permettre la pose du décor et leur donner leur apparence brillante.
Emaux – pâte de verre ou de porcelaine colorée utilisée dans le décor.
Faïence – poterie opaque enduite d’émail qui lui donne un aspect blanc.
Feu (grand) – principe de céramique qui consiste à cuire la couverte ou de l’émail et le décor en même temps à haute température.
Feu (petit) – principe de décoration qui, après cuisson de la pièce, comporte des cuissons successives des oxydes par famille chimique et en ordre décroissant de température.
Grès – céramique à pâte dure, opaque et partiellement vitrifiée, en général brun fauve ou grise, mais il existe aussi des grès blancs.
Kaolin – argile blanche.
Pâte dure est considérée comme étant la véritable porcelaine, composée majoritairement de kaolin.
Pâte tendre est un succédané dépourvu de kaolin.
Porcelaine – céramique blanche, translucide et légère.
Porcelaine dure – poterie blanche et translucide à base de kaolin, de feldspath et de quartz ; elle n’est pas rayable par l’acier.
Sang-de-bœuf – glaçure flammée d’un rouge intense obtenu par la cuisson en réduction de l’oxyde de cuivre.