SCÈNE D'INITIATION CHEZ LES ÉGYPTIENS
1792
Dessin à la plume et encre brune, lavis brun sur papier beige.
74-67-1
Achat en vente publique en 1974
H. 26,3 cm - L. 36,5 cm
Frère cadet du paysagiste Louis-Gabriel Moreau, dit l'Aîné, Moreau le Jeune connaît des débuts laborieux dans l'atelier du peintre Le Lorrain qu'il accompagne en 1758 à Saint-Péterbourg où il enseigne le dessin à l'Académie des Beaux-Arts. De retour en France vers 1759, il semble abandonner définitivement la peinture pour entrer dans l'atelier du célèbre graveur Le Bas où il commence une carrière des plus éclectiques, travaillant à la fois pour la cour et les plus grands éditeurs. Nommé en 1770 dessinateur des Menus Plaisirs du Roi, il joue un rôle d'historiographe des dernières cérémonies royales (Sacre de Louis XVI en 1775). Vignettiste, illustrateur, ornemaniste, il traite tous les sujets et tous les genres : scènes d'intimité, de mœurs, de modes, portraits, compositions historiques... Très impliqué dans la vie artistique de son temps, il expose régulièrement au Salon entre 1781 et 1810.
Son séjour en Italie en 1785 marque une évolution importante dans la carrière de Moreau le Jeune qui abandonne l'esthétique du XVIIIe siècle de ses premières années pour se convertir aux idées novatrices de David et de Vien. Ses dernières productions sont ainsi caractérisées par une certaine froideur qui nuit parfois à son œuvre. Moreau le Jeune laissa une œuvre considérable riche de plus de 2000 dessins dont la plupart furent gravés par lui-même ou d'autres artistes.
Ce dessin était destiné à illustrer l'ouvrage de Stanislas Delaulnaye, Histoire générale et particulière des religions et du culte de tous les peuples du monde tant anciens que modernes. Sur les douze volumes annoncés, seul parut en 1791 le premier, lui-même incomplet, orné de dix gravures d'après Moreau le Jeune. Le dessin quimpérois correspond à la onzième planche non achevée par Giraud le Jeune. Les dix gravures furent par la suite insérées dans l'ouvrage d'Alexandre Lenoir, La Franc-maçonnerie prouvée par l'explication des mystères anciens et modernes, paru en 1814. C'est à la lumière de cet ouvrage qu'Arlette Sérullaz, conservateur au Cabinet des Dessins du musée du Louvre, identifia en 1975 le sujet de cet énigmatique dessin : une scène d'initiation des prêtres de l'antique Memphis correspondant aux cérémonies, dites de premier grade, imposées au futur franc-maçon. Représenté à droite, le candidat est enveloppé de bandelettes avant de subir les trois épreuves du feu (évoqué par le foyer allumé au second plan, à droite), de l'eau (évoquée par la piscine purificatrice au centre) et de l'air. Le néophyte était ensuite fixé sur une roue qui tournait plusieurs fois sur elle-même. Trônant auprès de la roue à gauche, le pharaon assiste à la scène qui se déroule dans l'obscurité d'un souterrain.
Caractéristique à la fois de l'égyptomanie ambiante et du goût de l'époque pour l'ésotérisme, ce dessin frappe autant par l'étrangeté de son thème que par la géométrie savante et froide de sa composition. Associé ici à la plume qui structure le dessin, le lavis qui fut une technique pourtant peu en faveur parmi les dessinateurs néo-classiques, souligne les effets de clair-obscur nécessaires à la compréhension de la scène.
Sophie Barthélémy, Dessins français XVIIe - XIXe siècles, florilège de la collection du musée des Beaux-Arts de Quimper, 1999.
SCÈNE D'INITIATION CHEZ LES ÉGYPTIENS
1792
Dessin à la plume et encre brune, lavis brun sur papier beige.
74-67-1
Achat en vente publique en 1974
H. 26,3 cm - L. 36,5 cm
Frère cadet du paysagiste Louis-Gabriel Moreau, dit l'Aîné, Moreau le Jeune connaît des débuts laborieux dans l'atelier du peintre Le Lorrain qu'il accompagne en 1758 à Saint-Péterbourg où il enseigne le dessin à l'Académie des Beaux-Arts. De retour en France vers 1759, il semble abandonner définitivement la peinture pour entrer dans l'atelier du célèbre graveur Le Bas où il commence une carrière des plus éclectiques, travaillant à la fois pour la cour et les plus grands éditeurs. Nommé en 1770 dessinateur des Menus Plaisirs du Roi, il joue un rôle d'historiographe des dernières cérémonies royales (Sacre de Louis XVI en 1775). Vignettiste, illustrateur, ornemaniste, il traite tous les sujets et tous les genres : scènes d'intimité, de mœurs, de modes, portraits, compositions historiques... Très impliqué dans la vie artistique de son temps, il expose régulièrement au Salon entre 1781 et 1810.
Son séjour en Italie en 1785 marque une évolution importante dans la carrière de Moreau le Jeune qui abandonne l'esthétique du XVIIIe siècle de ses premières années pour se convertir aux idées novatrices de David et de Vien. Ses dernières productions sont ainsi caractérisées par une certaine froideur qui nuit parfois à son œuvre. Moreau le Jeune laissa une œuvre considérable riche de plus de 2000 dessins dont la plupart furent gravés par lui-même ou d'autres artistes.
Ce dessin était destiné à illustrer l'ouvrage de Stanislas Delaulnaye, Histoire générale et particulière des religions et du culte de tous les peuples du monde tant anciens que modernes. Sur les douze volumes annoncés, seul parut en 1791 le premier, lui-même incomplet, orné de dix gravures d'après Moreau le Jeune. Le dessin quimpérois correspond à la onzième planche non achevée par Giraud le Jeune. Les dix gravures furent par la suite insérées dans l'ouvrage d'Alexandre Lenoir, La Franc-maçonnerie prouvée par l'explication des mystères anciens et modernes, paru en 1814. C'est à la lumière de cet ouvrage qu'Arlette Sérullaz, conservateur au Cabinet des Dessins du musée du Louvre, identifia en 1975 le sujet de cet énigmatique dessin : une scène d'initiation des prêtres de l'antique Memphis correspondant aux cérémonies, dites de premier grade, imposées au futur franc-maçon. Représenté à droite, le candidat est enveloppé de bandelettes avant de subir les trois épreuves du feu (évoqué par le foyer allumé au second plan, à droite), de l'eau (évoquée par la piscine purificatrice au centre) et de l'air. Le néophyte était ensuite fixé sur une roue qui tournait plusieurs fois sur elle-même. Trônant auprès de la roue à gauche, le pharaon assiste à la scène qui se déroule dans l'obscurité d'un souterrain.
Caractéristique à la fois de l'égyptomanie ambiante et du goût de l'époque pour l'ésotérisme, ce dessin frappe autant par l'étrangeté de son thème que par la géométrie savante et froide de sa composition. Associé ici à la plume qui structure le dessin, le lavis qui fut une technique pourtant peu en faveur parmi les dessinateurs néo-classiques, souligne les effets de clair-obscur nécessaires à la compréhension de la scène.
Sophie Barthélémy, Dessins français XVIIe - XIXe siècles, florilège de la collection du musée des Beaux-Arts de Quimper, 1999.