LE PORTEMENT DE CROIX
1570-1580
Huile sur bois
873-1-39
Legs de Silguy, 1864
H. 53,5 cm - L. 74,7 cm
La famille Dal Ponte est plus connue sous le nom de Bassano, village situé à une soixantaine de kilomètres de Venise, où était installé son atelier. Lui-même fils de peintre, le maître, Jacopo (v. 1510-1592), y travaillait avec ses quatre garçons Francesco, Giovanni Battista (1553 – 1613), Leandro et Gerolamo (1566 – 1621). Le succès de cet atelier était immense auprès des collectionneurs. Pour répondre aux nombreuses commandes qui leur étaient faites, les Bassano déclinaient des compositions en plusieurs exemplaires, avec plus ou moins de variantes, réalisées individuellement ou bien laissées au soin des élèves. La paternité de leurs œuvres est donc souvent difficile à déterminer. Ainsi en est-il du tableau du musée de Quimper, version parmi d’autres d’un original perdu, peint vers 1579-1580 par Jacopo.
Jacopo Bassano avait été l’inventeur d’un nouveau genre de scènes bibliques d’inspiration pastorale, traitées comme de fourmillantes scènes de genre, qui avait fait sa renommée. Dans les dix dernières années de sa vie, son style avait cependant évolué dans un sens plus tragique. C’est clairement à cette période que renvoie la Montée au Calvaire du musée de Quimper, qui se distingue par une certaine sobriété et une étrange accentuation des effets de lumière sur fond crépusculaire. Influencés par le Tintoret (1518-1594), ces jeux de lumière se déclinent en contrastes amplifiés, reflets et scintillements rendus d’une facture libre, par touches blanches empâtées. Ces effets, ainsi que la mise en page serrée du cortège accompagnant le Christ, les personnages aux costumes parfois pittoresques, leurs anatomies exagérées ou leurs postures artificielles inscrivent cette œuvre dans la mouvance maniériste vénitienne. Son langage n’en demeure pas moins particulier et propre à l’univers, reconnaissable entre mille, des Bassano. Par ailleurs, la belle qualité d’exécution du tableau, égale sur l’ensemble de la toile, indique une réalisation individuelle et non un travail collectif d’atelier. En distinguer la main de celui qui l’a peint n’est pourtant pas simple : une partie de la critique hésite encore entre Francesco et Leandro.
Mylène Allano, historienne de l'art
LE PORTEMENT DE CROIX
1570-1580
Huile sur bois
873-1-39
Legs de Silguy, 1864
H. 53,5 cm - L. 74,7 cm
La famille Dal Ponte est plus connue sous le nom de Bassano, village situé à une soixantaine de kilomètres de Venise, où était installé son atelier. Lui-même fils de peintre, le maître, Jacopo (v. 1510-1592), y travaillait avec ses quatre garçons Francesco, Giovanni Battista (1553 – 1613), Leandro et Gerolamo (1566 – 1621). Le succès de cet atelier était immense auprès des collectionneurs. Pour répondre aux nombreuses commandes qui leur étaient faites, les Bassano déclinaient des compositions en plusieurs exemplaires, avec plus ou moins de variantes, réalisées individuellement ou bien laissées au soin des élèves. La paternité de leurs œuvres est donc souvent difficile à déterminer. Ainsi en est-il du tableau du musée de Quimper, version parmi d’autres d’un original perdu, peint vers 1579-1580 par Jacopo.
Jacopo Bassano avait été l’inventeur d’un nouveau genre de scènes bibliques d’inspiration pastorale, traitées comme de fourmillantes scènes de genre, qui avait fait sa renommée. Dans les dix dernières années de sa vie, son style avait cependant évolué dans un sens plus tragique. C’est clairement à cette période que renvoie la Montée au Calvaire du musée de Quimper, qui se distingue par une certaine sobriété et une étrange accentuation des effets de lumière sur fond crépusculaire. Influencés par le Tintoret (1518-1594), ces jeux de lumière se déclinent en contrastes amplifiés, reflets et scintillements rendus d’une facture libre, par touches blanches empâtées. Ces effets, ainsi que la mise en page serrée du cortège accompagnant le Christ, les personnages aux costumes parfois pittoresques, leurs anatomies exagérées ou leurs postures artificielles inscrivent cette œuvre dans la mouvance maniériste vénitienne. Son langage n’en demeure pas moins particulier et propre à l’univers, reconnaissable entre mille, des Bassano. Par ailleurs, la belle qualité d’exécution du tableau, égale sur l’ensemble de la toile, indique une réalisation individuelle et non un travail collectif d’atelier. En distinguer la main de celui qui l’a peint n’est pourtant pas simple : une partie de la critique hésite encore entre Francesco et Leandro.
Mylène Allano, historienne de l'art