Ecole italienne et espagnole

VÉNUS ENDORMIE

Nicolò dell' ABATE (1509?-1571)

1560-1570

Agrandir l'image jpg 242Ko (Voir légende ci-après) (fenêtre modale)
Nicolo dell'Abate (1509/16 ? -1571) "Le Sommeil de Vénus", 1560-1570 - Huile sur bois, 109 x 90,5 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur bois

873-1-635

Legs de Silguy, 1864

H. 109 cm - L. 90,5 cm

Ce panneau a subi une transformation radicale depuis sa création. De format rectangulaire allongé, il est passé à celui de médaillon. Il va donc de soi que sa composition d’origine a largement été tronquée par cette opération, réalisée à une époque indéterminée. Par chance, une copie ancienne de l’œuvre a été découverte et nous savons maintenant à quoi elle ressemblait dans son intégralité. Telle qu’elle était représentée à l’origine, Vénus dévoilait entièrement son corps. Étendue sur un drap parsemé de fleurs, les jambes légèrement repliées, elle avait à ses pieds deux petits amours couronnés de fleurs, observateurs amusés d’un couple d’oiseaux posé sur le lit. Le décor de la scène ne se limitait pas non plus au rideau entrouvert par les autres putti. En réalité, une ligne verticale médiane marquait brusquement le passage d’un espace intime à une vue extérieure sur un paysage crépusculaire avec une forêt, une ville médiévale, des collines et la mer ; mais on ne peut pas parler de premier plan et l’arrière-plan, aucune transition « logique » ne liant les deux. Cette ouverture n’était donc pas une fenêtre ni une cloison, mais simplement une ligne géométrique donnant l’impression d’un tableau dans le tableau.

La Renaissance avait redécouvert la nudité à travers les modèles antiques. Ce type d’iconographie païenne imprégnée de mythologie se fit de plus en plus sensuel et bientôt érotique, selon une évolution partie de Venise. De toute évidence, Nicolò a d’ailleurs imaginé sa propre composition sur le modèle de la célèbre Vénus d’Urbin de Titien… Nicolò interpréta souvent ce genre voluptueux, mais beaucoup de ces peintures furent détruites par pudibonderie. Artiste imaginatif, grand coloriste et brillant technicien, Nicolò Dell’Abate fut invité en France par Henri II pour participer au décor du palais de Fontainebleau. Le style du tableau de Quimper le rattache justement à la période française de l’artiste (1552-1571). Bien que son activité fût intense sur cette période, beaucoup de ses œuvres ont disparu ; elles ne sont connues que par ses propres dessins ou les copies qui en furent faites. La Vénus du musée de Quimper est donc une précieuse rescapée.

Mylène Allano, historienne de l'art

Ecole italienne et espagnole

VÉNUS ENDORMIE

Nicolò dell' ABATE (1509?-1571)

1560-1570

Agrandir l'image jpg 242Ko (Voir légende ci-après) (fenêtre modale)
Nicolo dell'Abate (1509/16 ? -1571) "Le Sommeil de Vénus", 1560-1570 - Huile sur bois, 109 x 90,5 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur bois

873-1-635

Legs de Silguy, 1864

H. 109 cm - L. 90,5 cm

Ce panneau a subi une transformation radicale depuis sa création. De format rectangulaire allongé, il est passé à celui de médaillon. Il va donc de soi que sa composition d’origine a largement été tronquée par cette opération, réalisée à une époque indéterminée. Par chance, une copie ancienne de l’œuvre a été découverte et nous savons maintenant à quoi elle ressemblait dans son intégralité. Telle qu’elle était représentée à l’origine, Vénus dévoilait entièrement son corps. Étendue sur un drap parsemé de fleurs, les jambes légèrement repliées, elle avait à ses pieds deux petits amours couronnés de fleurs, observateurs amusés d’un couple d’oiseaux posé sur le lit. Le décor de la scène ne se limitait pas non plus au rideau entrouvert par les autres putti. En réalité, une ligne verticale médiane marquait brusquement le passage d’un espace intime à une vue extérieure sur un paysage crépusculaire avec une forêt, une ville médiévale, des collines et la mer ; mais on ne peut pas parler de premier plan et l’arrière-plan, aucune transition « logique » ne liant les deux. Cette ouverture n’était donc pas une fenêtre ni une cloison, mais simplement une ligne géométrique donnant l’impression d’un tableau dans le tableau.

La Renaissance avait redécouvert la nudité à travers les modèles antiques. Ce type d’iconographie païenne imprégnée de mythologie se fit de plus en plus sensuel et bientôt érotique, selon une évolution partie de Venise. De toute évidence, Nicolò a d’ailleurs imaginé sa propre composition sur le modèle de la célèbre Vénus d’Urbin de Titien… Nicolò interpréta souvent ce genre voluptueux, mais beaucoup de ces peintures furent détruites par pudibonderie. Artiste imaginatif, grand coloriste et brillant technicien, Nicolò Dell’Abate fut invité en France par Henri II pour participer au décor du palais de Fontainebleau. Le style du tableau de Quimper le rattache justement à la période française de l’artiste (1552-1571). Bien que son activité fût intense sur cette période, beaucoup de ses œuvres ont disparu ; elles ne sont connues que par ses propres dessins ou les copies qui en furent faites. La Vénus du musée de Quimper est donc une précieuse rescapée.

Mylène Allano, historienne de l'art

Commentaire sonore de "Le Sommeil de Vénus" (issu de l'application mobile de visite)

Clin d'oeil : l'oeuvre incarnée

Lors de l'événement participatif "Le musée recopié" de l'Ecole Parallèle Imaginaire, en mai 2018, les copistes ont dessiné l'oeuvre de leur choix puis avec d'autres copistes ou visiteurs ont incarné celle-ci de manière créative.

Informations annexes au site